Chaque année en septembre, les nuits se rafraîchissent et les cerfs réapparaissent des confins des forêts de Chartreuse pour se reproduire. Une rude compétition d’environ 1 mois se déroule entre les cerfs pour les beaux yeux des biches. Les vieux cerfs dominants vont se battre jour et nuit, pour surveiller la harde des biches, et décourager les cerfs satellites qui essayent de leurs voler leurs promises. Les vainqueurs de cette compétition pourront ainsi s’accoupler avec les biches lorsque ces dernières seront en oestrus.
Tout comme les parades des tétras lyres, le brame est un moment particulier dans l’année pour moi. C’est le moment de plonger en immersion dans les vieilles forets de Chartreuse pour essayer d’observer le plus grand de nos cervidés : le Cerf Elaphe. Je vais tenter de vous expliquer comment j’ai procédé pour cette saison 2014 : Comme souvent j’ai privilégié l’affût pour tenter de faire des photos : je construis une petite planque avec des branchages et je complète avec quelques filets de camouflage, et bien entendue je m’habille d’une tenue camouflage + gants et cagoule. J’utilise également une toile nommé « Fantôme des bois » qui est légère et pratique pour de courts affûts. Pour des affûts plus longs, et pour plus de confort, on peut aussi construire des affûts plus élaborés, plus confortables ou utiliser des tentes spécialement conçues pour ça, mais ce ne fut pas le cas pour moi.
J’ai fait le choix de ne faire que de l’affût durant ce brame et de ne pas tenter d’approche en forêt, la durée moyenne des affut était de 3h30 (et je peux vous jurer que c’est long quand on ne voit rien !). Le brame est une période très éprouvante pour les cerfs, ils ne mangent plus, ne dorment plus et passent leur temps à veiller sur les biches et à écarter leurs rivaux. Ils peuvent perdre jusqu’à 1/3 de leur poids durant cette période. Il n’est pas rare de voir des cerfs à bout de forces à la fin de la période de brame. De plus la période des chaleurs des biches dure à peine plus de 24h, il ne faut donc pas les déranger pendant ce court laps de temps sous peine de perturber la reproduction.
Aussi vous comprendrez que je resterais très discret sur mes lieux de prospection. Aucune indication ne sera donnée, ni dans les textes, ni dans les photos qui seront prochainement publiées. Certaines personnes ne sont pas aussi précautionneuses que moi, et ne se gênent pas pour publier sur la toile et les réseaux sociaux les emplacements des places de brame, ce qui a pour conséquence d’augmenter la présence humaine sur les places, et donc le dérangement des cerfs, et c’est bien dommage ! J’ai abandonné la première place de brame que j’avais trouvé en 2009 parce qu’elle était tellement connue qu’il ne se passait pas un soir sans qu’une personne ne se pointe dans la clairière pour aller voir les cerfs. L’activité des cerfs était donc devenue exclusivement nocturne à cause du dérangement humain, et cette année ça ne bramait presque plus là bas. Cette année j’ai eus la chance d’observer et d’écouter mon plus beau brame depuis plus de 10 ans, avec des cerfs en activité quasiment toute la journée pendant 1 mois. Hélas, je sais que ça ne sera pas forcément le cas les prochaines années, pour les raisons citées précédemment …
Durant mes nombreux affûts j’ai eus la chance de croiser un bon paquet d’autres animaux : sangliers, blaireaux, chevreuils, chamois, mouflons, chouette hulotte, et d’autres animaux plus rares comme l’aigle royal, le renard, ou encore la minuscule chouette chevêchette d’Europe. Cette petite chouette par son chant mélodieux, annonçait l’aube et/ou le crépuscule de la plupart de mes longs affûts.
Et puis, en cette soirée du 22 septembre, dernier jour de l’été, alors que j’entends les cerfs bramer partout autour de mois depuis 1h30, le premier cerf de l’année fait son apparition.
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